Accueil A la une Spéculation, monopole et hausse des prix à l’approche du mois de Ramadan : Une guerre sur tous les fronts !

Spéculation, monopole et hausse des prix à l’approche du mois de Ramadan : Une guerre sur tous les fronts !

La Tunisie n’aura jamais connu de telles circonstances. Produits de base introuvables, pénurie, hausse des prix, spéculation et monopole, les Tunisiens sont enfoncés au cœur d’une crise socioéconomique inédite à l’approche du mois saint. Pour les simples fonctionnaires, ces conditions sont devenues insupportables. Que dire pour les classes les plus démunies ?

Le Président de la République a fait le constat. De telles circonstances n’ont jamais eu lieu en Tunisie, «de quoi penser à des actes de sabotages à des fins politiques». Mais finalement, ce sont les Tunisiens et notamment les familles nécessiteuses qui payent le prix cher de cette situation, autant dire qu’un revenu de mille dinars ne permet plus à une famille, voire à un couple, de subvenir à ses besoins. Que comptent faire les autorités pour alléger les pressions sur les Tunisiens ? La situation est-elle devenue hors de contrôle ? Comment éradiquer définitivement ce phénomène alors que les pratiques de spéculation et de monopole semblent prendre de l’ampleur ?

En visitant dans la nuit du mardi le siège du ministère de l’Intérieur, le Chef de l’Etat, Kaïs Saïed, a envoyé un message aux Tunisiens, mais surtout aux spéculateurs, multipliant les menaces et les avertissements. Mais cela fait plusieurs mois que le Président de la République multiplie les messages de ce genre cependant, pour lui, «l’heure de la guerre contre les spéculateurs a sonné».

Depuis le ministère de l’Intérieur, pendant la nuit, l’heure et le lieu sont symboliques. Le chef de l’Etat, tenant un discours ferme, a annoncé une guerre sans merci contre les spéculateurs. «L’heure zéro et les objectifs sont déjà fixés, je veux une guerre sans répit contre ceux qui veulent affamer le peuple tunisien», a-t-il appelé, car pour lui, ces pratiques sont inhabituelles et portent atteinte à la paix sociale. «Même pendant la révolution, nous n’avons jamais connu une telle situation», s’est-il indigné, promettant une main de fer contre les pratiques de spéculation et de monopole mais toujours dans le cadre de la loi.

C’est d’ailleurs ce qui retarde cette guerre attendue et souhaitée par tous les Tunisiens. En effet, le Chef de l’Etat œuvre à mettre en place un nouveau cadre légal pour libérer les appareils de l’Etat dans cette opération qu’il compte lancer dans les jours à venir, c’est-à-dire juste avant le mois de Ramadan. Car jusque-là, les peines réservées aux spéculateurs n’ont pas permis de les dissuader ou de limiter ce fléau.

Bientôt un décret antispéculation

Il y a quelques jours, le Président de la République, Kaïs Saïed, a confirmé qu’un nouveau décret est en cours d’élaboration pour lutter contre le phénomène de spéculation et de monopole. «Il y a des parties qui tentent de détruire le pays de l’intérieur et de le diviser. Chaque fois que nous avons ouvert un dossier, nous avons trouvé des traces de corruption et de dissimulation de corruption. Et on trouve le moyen de traiter ceux qui veulent appliquer la loi de dictateurs», s’est-il désolé.

«Que le monde sache que nous ne nous écartons pas de la loi et du respect des droits et des  libertés. Ils se réunissent la nuit pour comploter et pour augmenter les prix de telle denrée ou de telle autre. Je connais très bien ces parties et un décret sera publié pour les contrer», a-t-il conclu.

Que va apporter ce nouveau texte et permettra-t-il vraiment de dissuader les spéculateurs ? Actuellement, les actes de spéculation et de monopole sont sanctionnés par des amendes et de légères peines d’emprisonnement en cas de récidive.

Ce que réclame le Président de la République, ce sont des peines pouvant dissuader certains spéculateurs et limiter ce phénomène.  

D’ailleurs, les Tunisiens pensent toujours, et en dépit des mesures du 25 juillet, que l’économie tunisienne et les circuits de distribution sont paralysés par des circuits parallèles dévastateurs et gangrenés par la corruption. 

Pour certains, l’administration tunisienne fonctionne selon des directives des lobbies et non conformément aux lois de l’Etat. La crise profonde qui dure a fait perdre à l’Etat son autorité, à l’économie son immunité et au peuple sa dignité, se désolent les observateurs de la scène nationale. Kaïs Saïed saura-t-il mettre fin à tout ce contexte ? La mission s’annonce compliquée.

C’est dans ce sens que le locataire de Carthage a appelé le ministère public à agir et à appliquer la loi contre «ces criminels» qui cherchent à semer le chaos dans toutes les régions du pays.

Vers une hausse des prix ?

Comme si un seul malheur ne suffisait pas, la Tunisie connaît actuellement une flambée des prix des produits de base. Pour le président de la Chambre nationale des grandes surfaces, Hédi Baccour, ce constat s’explique par une frénésie acheteuse observée ces derniers jours en raison de la crise ukrainienne. Selon ses dires, les Tunisiens craignent une pénurie de certains produits, alors que les quantités sont disponibles.

Cependant, il a prédit une hausse des prix de la viande rouge au vu de l’augmentation du prix de l’orge fourragère sur le marché international. «A part la viande, les prix des produits laitiers risquent aussi d’augmenter pour les mêmes raisons», a-t-il averti.

D’ailleurs, selon certaines informations confirmées par l’agence Reuters, la Tunisie a en effet annulé une commande de blé tendre et d’orge fourragère à cause des prix jugés extrêmement élevés.

Entretemps, la crise du pain se poursuit dans le silence des autorités. Abouda Barchani, président de la Chambre régionale des propriétaires des boulangeries à Sfax, est allé jusqu’à proposer la vente du pain au prix réel. «420 millimes pour la baguette et 690 millimes pour le pain», a-t-il proposé, ce qui risque d’aggraver davantage la situation sociale dans le pays.

Pour sa part, la Chambre régionale des propriétaires des boulangeries à Ben Arous, relevant de l’Union régionale de l’industrie, du commerce et de l’artisanat, a décidé d’arrêter le travail dans toutes les boulangeries du gouvernorat à compter du 17 mars, en raison du «refus des moulins d’approvisionner les boulangeries en farine subventionnée ou de qualité supérieure». Un produit déjà en pénurie.

Que vont faire les autorités pour remédier à la situation qui semble hors de contrôle ? Comment comptent-elles agir alors que tous les indicateurs économiques et sociaux sont au rouge ?

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